Pas moins de 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté : Crise économique sans précédant au Maroc

Pas moins de 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté : Crise économique sans précédant au Maroc

Le journal français Libération a publié un long reportage sur la crise économique et sociale sans précédant au Maroc, conséquence d’une inflation extrêmement élevée et d’une hausse exponentielle des prix ayant poussé certaines personnes, incapables de payer leurs dettes, à se suicider, au moment où des experts assurent que les Marocains paient le prix de dizaines d’années de mauvais choix politiques.

Dans cet article intitulé « Inflation au Maroc : Des gens se suicident car ils ne peuvent plus payer leurs dettes », le journal français cite les témoignages de plusieurs Marocains se plaignant du coût de la vie, devenu « très difficile » dans le Royaume.

Le quotidien s’est appuyé sur de récentes enquêtes qui montrent que « le bien-être de la population (marocaine) a nettement diminué, tombant en-dessous des niveaux observés pendant les mois les plus difficiles de la pandémie de Covid-19 », relevant que « près d’un Marocain sur deux se considère désormais comme pauvre ».

Il est notamment précisé que les effets combinés de la pandémie de Covid-19, de la hausse des prix, de la crise en Ukraine, et d ‘années de sécheresse ont eu un effet dévastateur sur la population, en particulier les ménages les moins aisés.

Citant une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan, l’institution marocaine chargée de la production statistique, Libération souligne que pas moins de 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté ou dans la vulnérabilité au Maroc.

L’auteur de l’article s’est rendu à « souk El-Had », plus grand marché d’Agadir, où des vendeurs se sont plaints de la hausse des prix. Soulignant que de plus en plus de Marocains ont du mal à joindre les deux bouts ces derniers mois, il a recueilli les témoignages de plusieurs personnes qui se plaignent de conditions de vie « très dures ».

Selon les chiffres dévoilés dans le reportage, l’inflation annuelle dans le royaume chérifien, qui touche surtout les ménages les plus pauvres, a atteint un pic alarmant de 8,3% à la fin 2022, soit le plus haut niveau depuis trente ans, liée notamment à l’envolée des prix des produits alimentaires (16,8%), surtout les fruits et les légumes mais également aux coûts à l’importation comme l’explique l’économiste Najib Akesbi.

La part des échanges internationaux dans l’économie marocaine est très importante et la dépendance est forte, en particulier dans les domaines alimentaire et énergéti que, a-t-il indiqué, notant qu’outre les pressions extérieures, les conflits d’intérêts internes entre les sphères politique et économique sont également très puissants. A cet égard, l’expert relève que « les Marocains paient le prix de dizaines d’années de mauvais choix politiques ».

Les prix continuent d’augmenter avant le Ramadhan

Une citoyenne marocaine a raconté ses déboires à « Libération » en déclarant: « J’avais l’habitude de venir au marché d’Agadir deux fois par semaine, mais je ne viens plus qu’une seule fois ».

« La hausse des prix est énorme, on est obligés de réduire notre consommation », a-t-elle témoigné. Dans ce contexte, le quotidien français a cité un récent rapport de la Banque mondiale dans lequel il est indiqué que la hausse des prix annuelle au Maroc a été presque 30 % plus élevée pour les 10 % les plus pauvres de la population par rapport aux 10 % les plus riches, ce qui a fait reculer le Royaume à un niveau équivalent à celui de 2014 dans la lutte contre la pauvreté.

Le Maroc a, en outre, connu en 2022 la pire sécheresse depuis quatre décennies alors que près de la moitié du ralentissement économique en 2022 est imputable à la chute de la production agricole, notamment les céréales, les agrumes et les olives, selon la Banque mondiale.

Plus de 200.000 personnes ont ainsi perdu leur emploi dans le milieu rural, où résident la plupart des ménages les plus pauvres. Le journal Libération souligne également que l’explosion des prix est d’autant plus inquiétante qu’elle se poursuit à quelques jours du début du mois sacré du Ramadhan.

« La nourriture, l’essence, les produits ménagers, tout a augmenté. Le Ramadhan va être différent cette année, on va devoir se serrer la ceinture », regrette un père de famille de trois enfants, interrogé par le quotidien français.

« Des gens se sont suicidés parce qu’ils ne pouvaient plus payer leurs dettes. On n’arrive plus à épargner, on est de plus en plus pauvres alors que les ultra-riches s’en mettent plein les poches. Pendant ce temps, les autorités continuent de fermer les yeux », a-t-il également dénoncé.

Enfin, Libération explique que cette situation explosive a été vivement critiquée par les partis d’opposition, syndicats et associations, faisant savoir que pour dénoncer l’inertie du gouvernement, des rassemblements ont été organisés dans plusieurs grandes villes du Royaume.

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